vendredi 22 novembre 2013

Compte-rendu de la rencontre avec les représentants du cabinet de Madame la ministre M.A Carlotti



Rencontre le 19 novembre 2013 avec Mme Muriel Vidalenc-Lejeune, directrice adjointe et Jérémie Boroy, conseiller du Cabinet de M.A. Carlotti, Ministre déléguée chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion au Ministère de la Santé, pour la remise de la pétition pour l’inclusion scolaire des élèves en situation de handicap




Porteurs de la pétition :
Christine PHILIP, maître de conférences honoraire de l’INS-HEA
Patricia BOURNIER, mère d'un adolescent autiste Asperger et d'une jeune adulte TDAH (Trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité), consultante en Troubles du Spectre Autistique.

Un album photo de cette rencontre est visible sur ce lien

Christine Philip, Anne-Valérie Delaplace, Patricia Bournier, Natacha Foucot, Magali Pignard, Jacqueline Tartri
Christine Philip, Anne-Valérie Delaplace, Patricia Bournier, Natacha Foucot, Magali Pignard, Jacqueline Tartri

Alors que nous pensions exposer l’objet de la pétition à partir d’un power point, nos deux interlocuteurs engagent spontanément la conversation en nous demandant de nous présenter et en nous posant des questions. Notre rencontre va donc se dérouler comme un échange informel où nous donnerons chacun notre avis ainsi que nos interlocuteurs.

Ce qui nous surprend, c’est la convergence de nos analyses de la situation. Nos interlocuteurs sont conscients des difficultés de scolarisation des enfants en situation de handicap et des « ruptures » dans leurs parcours scolaire. Ils sont aussi conscients de la difficulté des institutions à s’ouvrir sur le milieu ordinaire et leur tendance à vouloir « garder des clients captifs » selon leur propre expression… Ils constatent l’implication insuffisante de l’Education nationale et nous demandent si un rendez-vous est prévu au Ministère de l’Education nationale. Nous leur faisons part de notre rendez-vous avec le cabinet de George Pau-Langevin. Ils nous confirment que c’est le bon interlocuteur pour parler de ces sujets à l’Education nationale …

Comme nous sommes face à des interlocuteurs de la Santé, nous décidons d’axer nos interventions à la fois sur l’ouverture nécessaire des établissements sur le milieu ordinaire, et sur la transformation progressive d’IME, Institut médico-éducatif, en SESSAD, Service d'éducation et de soins spécialisés à domicile. Ils y sont favorables. Mais ils semblent considérer que le changement doit venir des grandes associations gestionnaires et que les parents doivent prendre plus de place pour accompagner ce changement. Eux peuvent le promouvoir, mais non l’imposer. Ils n’adhèrent pas à l’idée que le processus de création de places de SESSAD nouvelles (via appel à projets) soit plus lent que celui d’une transformation de places d’IME en SESSAD (sans appel à projets). Ils interprètent cette remarque comme une critique de la procédure d’appel à projets (qui a remplacé les soumissions directes de projets).

Ils évoquent le partenariat entre le secteur médico-social et l’Education nationale, en indiquant que le CIH (Comité interministériel handicap) a un projet d'expérimentation au niveau local de "plateformes" (concernant tous les handicap) visant à développer les coopérations entre l'EN (Education nationale) et le secteur médico-social dès la rentrée 2014. Un cahier des charges serait en cours de réalisation.

À ce sujet, nous faisons remarquer que pour l’autisme, la décision d’ouvrir des Unités d'enseignement dans les maternelles n’est peut-être pas la mesure la plus opportune. Il aurait peut-être mieux valu ouvrir des SESSAD qui accompagnent la scolarité des enfants en milieu ordinaire … Cette remarque les embarrasse. Ils répondent qu’il faut y aller « au cas par cas » et que ce qui compte, c’est la diversité des solutions proposées et qu’il n’existe pas « une seule bonne réponse » …

À la réflexion cette position constitue un point de désaccord avec notre projet, dans la mesure où nous privilégions l’inclusion scolaire, en considérant que c’est à l’école de s’adapter et de répondre aux besoins particuliers des élèves… Eux continuent de penser qu’il faut partir de l’élève sans changer le milieu, en lui trouvant la « bonne place » … Ce qui s’appelle « intégration » et non « inclusion ». L’approche inclusive ne nous paraît pas vraiment comprise. Il faudra clarifier et insister sur cette option lors de la prochaine rencontre avec le ministère de l'Education nationale.

Nous avons eu la possibilité d’avoir un échange avec une personne elle-même en situation de handicap, et de ce fait personnellement impliqué. Jérémie Boroy est en effet une personne atteinte de surdité et appareillée. Il apparaît peu favorable à la généralisation de l’inclusion scolaire. Il évoque en effet les choix éducatifs des parents d’enfants sourds qui, selon qu’ils choisissent la langue des signes ou l’oralisation, sont confrontés à des modalités de scolarisation différentes. Nous attirons son attention sur ce point que, pour l’écosystème, le fait de créer des unités d'enseignement autisme peut être interprété justement comme la solution unique de scolarisation des élèves autistes et ainsi créer un effet d’éviction. Il est donc primordial que tous les acteurs de l’écosystème gardent en tête la « diversité des solutions » de scolarisation possibles.

Le fait que nous soyons essentiellement dans le champ de l’autisme ne leur a pas posé problème, dans la mesure où ils sont bien conscients que dans le champ du handicap c’est là où les usagers (mais aussi les professionnels) sont le plus actifs. Ils considèrent que c’est un bon exemple pour les autres et que l’on peut s’inspirer utilement de ce qui est accompli dans ce domaine… Nous les informons que le collectif, essentiellement axé autisme au départ, s'ouvre sur tous les handicaps : handicaps invisibles comme les troubles des apprentissages, handicaps plus visibles comme la trisomie 21, le handicap moteur et tous les troubles cognitifs et mentaux.

La question de notre relation avec les associations nous a été posée, entre autres avec Autisme France. Nous leur avons fait remarquer que la majorité des parents, y compris pour l’autisme, ne sont pas rattachés à une association. Notre démarche a été de se démarquer des associations pour représenter les usagers. Les grandes associations n’ont pas souhaité soutenir notre pétition, n’ayant pas été à l’initiative de cette démarche. Nous avons regretté cette position. Nos interlocuteurs ont cependant reconnu que les collectifs de citoyens avaient toute leur place à côté des associations.

Nous leur avions apporté des documents écrits, un CD et un DVD. Ils se sont montrés intéressés par ces documents. Sur le DVD il y avait le power point présentant la pétition avec deux extraits de vidéo (scolarisation d’Aymeric élève avec autisme sévère au collège) dont nous avons parlé. Ils ont réagi avec intérêt. Nous pensons qu’ils vont les regarder. 
Sur le CD il y avait plusieurs documents : les textes de la pétition, l’article sur l’inclusion qui est en ligne. Ils se sont montrés intéressés par la collecte des commentaires des signataires de la pétition et ont souhaité garder ces documents. Nous envisageons pour la prochaine rencontre de faire nous-mêmes une analyse de ces commentaires…

Ils ont enfin évoqué la possibilité que nous soyons à nouveau contactés par eux s’ils l’estimaient nécessaire. Ils nous ont remerciées de notre initiative et nous ont dit qu’ils avaient été très intéressés par cette rencontre…
Bien évidemment nous les avons également remerciés de leur écoute et de leur accueil. 
La réunion aura duré 45 minutes.